COVID long et solutions naturelles

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Si les vagues épidémiques les plus importantes semblent derrière nous, la COVID-19 reste un sujet de santé majeur avec notamment la prise en charge des symptômes prolongés, regroupés sous l’intitulé “COVID long”. Je vous propose un état des lieux de cet état post-COVID ainsi que des pistes pour accompagner les différentes formes du COVID long.

Qu’est-ce que le COVID long ?

L’OMS définit l’état “post-COVID” comme la persistance de symptômes au-delà de 3 mois après l’infection. De manière générale, la majorité des personnes atteintes du COVID-19 est rétablie au bout de 15 jours. Entre 10 à 15% des cas évoluent vers une forme sévère qui peut entraîner une période de rétablissement plus longue (jusqu’à 6 semaines).

Dès que des symptômes persistent au-delà de 3 mois après l’épisode aigu, les malades sont étiquetés COVID long.

Environ 30% des malades du COVID-19 présentent des symptômes prolongés (les études varient de 10% à 40%). La sévérité de l’épisode aigu est un facteur de risque des symptômes persistants, au même titre que l’hypertension artérielle ou l’obésité. Mais des cas de maladie prolongée sont également constatés chez les jeunes adultes et les enfants sans antécédents médicaux chroniques.

Avec 26 millions de cas COVID-19 dans le monde, le COVID long devrait donc concerner plus de 5 millions de personnes à suivre dans la durée.

Quels sont les symptômes du COVID long ?

Si la COVID-19 est déjà une maladie d’expression polymorphe, autant par ses symptômes cliniques que par sa gravité et sa durée, le COVID long est difficile à appréhender du fait de la grande diversité et de la fluctuation de ses manifestations cliniques.

Voici une liste non exhaustive des symptômes du COVID long fournie par la Haute Autorité de Santé (HAS) :

  • Fatigue majeure
  • Dyspnée, toux
  • Douleurs thoraciques, souvent à type d’oppression, palpitations
  • Troubles de la concentration et de mémoire, manque du mot
  • Céphalées, paresthésies, sensation de brûlures
  • Troubles de l’odorat, du goût, acouphènes, vertiges
  • Douleurs musculaires, tendineuses ou articulaires
  • Troubles du sommeil
  • Irritabilité, anxiété
  • Douleurs abdominales, nausées, diarrhée, baisse ou perte d’appétit
  • Prurit, urticaire, pseudo-engelures
  • Fièvre, frissons
  • Troubles ophtalmologiques

Certains de ces symptômes sont associés et peuvent devenir de vrais handicaps au quotidien. Parfois, les expressions symptomatiques du COVID long ne correspondent pas aux troubles constatés lors de la phase aiguë de la maladie. Tout ceci génère selon la HAS “des interrogations et des inquiétudes pour les patients et les cliniciens”.

État des lieux du COVID long sur le terrain

Je constate ces inquiétudes sur le terrain. En plus du stress généré par l’épidémie, la maladie et le confinement, je rencontre des personnes désemparées face à des symptômes chroniques pour lesquels elles ne trouvent pas de solutions.

Si les symptômes du COVID long sont très différents d’un cas à l’autre, je rencontre presque systématiquement une fatigue, un dérèglement immunitaire et le “réveil” de pathologies inflammatoires anciennes allant de l’eczéma à la névralgie. C’est comme si la COVID-19 provoquait un déséquilibre qui entraînait par la suite l’expression de maladies endormies ou sous-jacentes.

Au niveau moral, les personnes atteintes de COVID long m’expriment souvent un profond découragement et une solitude dans leur combat contre tous ces symptômes qui sont apparus du jour au lendemain et qui entravent aujourd’hui leur quotidien.

La HAS appelle à “une démarche pragmatique, rationnelle et scientifique de prise en charge de ces patients, dans le cadre d’une décision médicale partagée, pouvant être multidisciplinaire”.

C’est bien en proposant un accompagnement intégratif et pluridisciplinaire que les personnes atteintes du COVID long pourront être prises en charge de manière satisfaisante.

Quelles sont les causes du COVID long ?

Les études autour du Covid long sont en cours et les mécanismes physiopathologiques sont encore au stade d’hypothèses. Cependant, il est intéressant de jeter un œil à la littérature existante sur une autre forme de coronavirus, le SRAS de 2003, sur lequel nous avons quelques données.

Pour le SRAS, les symptômes persistants étaient déjà présents : 40 % des malades présentaient encore des symptômes de fatigue chronique 3,5 ans après leur contamination. Le COVID long ne devrait donc pas être une surprise au regard des constats déjà effectués sur le SRAS.

Face aux différentes hypothèses des mécanismes en œuvre dans le COVID long (récepteur CCR5, persistance de la forme S1 de la protéine spike dans l’organisme, etc.), il convient de garder l’esprit ouvert et de suivre l’avancée des nombreuses recherches en cours.

Pour ma part, j’ai lu avec beaucoup d’attention les travaux du Dr Jean-Marc Sabatier, directeur de recherches au CNRS et docteur en biologie cellulaire et microbiologie, qui évoque le rôle clef du système rénine-angiotensine (SRA) dans les dysfonctionnements entraînés par une infection à la COVID-19. Cette hypothèse validerait le polymorphisme des symptômes de la maladie mais aussi sa dimension systémique et chronique dans le cas du COVID long.

COVID-19 et système rénine-angiotensine (SRA)

Le système rénine-angiotensine (aussi appelé système rénine-angiotensine-aldostérone) est central dans la régulation des fonctions rénales, cardiovasculaires et pulmonaires. Il agit par le biais d’une cascade de régulation endocrinienne et enzymatique. Moins connu, le SRA agit également sur l’immunité innée et sur les microbiotes dont le microbiote intestinal.

Lors de l’infection au COVID-19, le virus se fixe sur le récepteur ACE2 (enzyme de conversion de l’angiotensine 2). Cette fixation empêche la dégradation normale de l’angiotensine 2, ce qui entraîne une augmentation de sa concentration et une suractivation de sa cible cellulaire, le récepteur AT1R.

La suractivation du récepteur AT1R va induire un état inflammatoire avec une libération de cytokines (TNF-alpha, interféron-gamma, interleukine-6, interleukine-1-beta, etc.). Ces médiateurs inflammatoires sont à l’origine des formes graves de la COVID-19 mais peuvent également provoquer de manière plus générale une vasoconstriction, un stress oxydatif ou encore une hypertrophie et une fibrose d’organes.

L’emballement du système rénine-angiotensine permettrait d’expliquer les symptômes de la COVID-19 mais aussi ses conséquences sur le long terme. En effet, le dérèglement du SRA ne va pas forcément s’arrêter au rétablissement de la phase aiguë de la maladie. Et c’est ensuite son action systémique sur l’organisme qui serait à l’origine de la multitude de symptômes du COVID long.

Comment accompagner le COVID long ?

Avant toute chose, la priorité est d’écarter toutes situations d’urgence auprès de son médecin (myocardite, pneumonie, embolie pulmonaire, etc.). En effet, l’étiquette COVID long peut être posée trop rapidement sur des symptômes qui nécessitent une prise en charge rapide par les services médicaux. Une fois ces situations graves écartées, la personne se retrouve dans un contexte de maladie chronique, alternant des périodes de mieux et des périodes de crise.

Comme pour d’autres maladies déroutantes par leurs symptômes non spécifiques, comme la maladie de Lyme, qui au passage est, elle aussi, associée à un dérèglement du SRA provoqué par la bactérie Borrelia, le COVID long demande une approche globale mais surtout personnalisée. C’est là que la naturopathie semble présenter quelques atouts.

La stratégie générale serait de mettre en place un travail de fond sur la régulation de l’immunité et d’y associer un dispositif symptomatique pour accompagner l’expression spécifique du COVID long chez chaque personne.

L’immunomodulation : la clef de voûte de l’accompagnement

Comme nous l’avons vu, les malades du COVID long présentent souvent un terrain de déséquilibre immunitaire, certainement en grande partie induit par le dérèglement du système rénine-angiotensine. Dans ce contexte, il paraît indispensable d’accompagner une modulation immunitaire pour éviter l’emballement inflammatoire.

Que ce soit dans la phase aiguë de la maladie ou dans le cas du COVID long, les solutions naturelles qui ont une action immunomodulantes semblent très pertinentes. En plus de la vitamine D très souvent évoquée, nous pouvons penser aux β-glucanes présents dans les champignons médicinaux (ex : reishi, agaricus blazei ou coriolus versicolor) qui vont moduler les cytokines.

Autre solution immunomodulante, la propolis cumule des propriétés antivirales et une action inhibitrice de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (ACE), très intéressante dans l’hypothèse du dérèglement de système rénine-angiotensine.

Dans le cadre d’un rééquilibrage de terrain, la gemmothérapie de vigne rouge ou de vigne vierge apporte une action de régulation de l’immunité tout en agissant sur des symptômes articulaires ou circulatoires.

Enfin, l’équilibre immunitaire ne peut pas s’envisager sur un travail spécifique sur le microbiote intestinal, surtout si ce dernier présentait déjà des faiblesses avant la COVID. On parle là de probiotiques mais aussi d’une action sur une éventuelle porosité intestinale.

Travailler sur les symptômes spécifiques

Une fois que le dispositif de modulation immunitaire est en place, les plantes peuvent aider pour travailler en parallèle les symptômes spécifiques de chaque malade du COVID long.

Il est impossible de faire un protocole unique au regard du polymorphisme de la maladie mais je peux vous lister quelques solutions naturelles adaptées à certaines de ses expressions afin de vous illustrer la diversité des réponses possibles.

  • Anxiété : rhodiole, passiflore, griffonia, magnésium, reishi
  • Fatigue : argousier, astragale, cordyceps, ­ginseng, éleuthérocoque
  • Reminéralisation : spiruline, ortie, prêle, avoine
  • Cardio : aubépine, agripaume, oméga 3
  • Poumons : huile haarlem, NAC
  • Articulations : saule, reine-des-prés, scrofulaire noueuse
  • Drainage foie : chardon-marie, fumeterre, romarin, chlorella
  • Drainage lymphatique : brunelle
  • Etc.

Un remède miracle contre le COVID long ?

Il n’y aucun remède miracle contre le COVID long, ni même de protocole qui fonctionne pour tout le monde. Pourquoi ? Parce que le COVID long n’est pas vraiment une maladie mais plutôt un état de déséquilibre général et persistant de l’organisme après l’infection à la COVID-19. Comme chaque personne est unique, cet état de déséquilibre l’est aussi, d’où la variété des tableaux cliniques.

Dans ce contexte, seul un accompagnement personnalisé semble adapté. Pour être mis en œuvre, ce dispositif spécifique doit être nourri d’une bonne compréhension du terrain de la personne et de ses fragilités initiales. Cela passe par une écoute attentive, du temps alloué aux échanges mais aussi de la patience car le suivi du COVID long demande un accompagnement sur la durée.

L’enjeu en matière de santé autour du COVID long est énorme. Il semblerait donc judicieux de favoriser les synergies entre les médecins et les naturopathes pour proposer une prise en charge intégrative des personnes atteintes de ces états post-COVID.

 

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Sources

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