Le contact avec la Nature peut-il avoir des bénéfices concrets et mesurables sur la santé ?
Voici la question centrale du mémoire que je suis en train de rédiger dans le cadre de ma fin de cursus de naturopathe. En attendant que le manuscrit soit bouclé, je vous partage ci-dessous mon introduction.
J’ai toujours considéré que cette voie de santé était un peu trop souvent absente de la pratique de nombreux naturopathes mais aussi des formations de naturopathie. Je vais donc tâcher de montrer les bénéfices de cette approche en faisant le point sur les nombreuses études sur le sujet, tout en esquissant les possibles intégrations dans le cadre d’un accompagnement en naturopathie.
Bon amuse bouche !
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Un arbre pour grimper, un rocher pour contempler, une garrigue pour sentir ou une forêt pour se perdre… Nous pouvons certainement tous retrouver des fragments de Nature dans nos souvenirs d’enfance. Même les plus citadins d’entre nous sont capables de se remémorer des vacances à la campagne ou un séjour chez des cousins restés sur les terres familiales. La Nature fait partie de notre patrimoine commun et est en cela le ciment de notre culture et de nos sociétés.
Pourtant, si ce constat est valable aujourd’hui, le sera-t-il encore demain ? Les enfants qui naissent aujourd’hui auront-ils encore un lien avec le milieu naturel alors qu’on sait que 3 bébés sur 4 qui naissent de nos jours vivront en ville en 2050 (65% de la population mondiale) ?
La place de la Nature dans nos vies a considérablement diminué depuis un siècle alors que l’homme a vécu en symbiose avec elle pendant 7 millions d’années. Même dans les films Disney, la présence de la Nature à l’écran est passée de 80% à 50% en 70 ans. Quand on sait que ces productions font le patrimoine culturel des sociétés occidentales, cette baisse représente bien l’évolution d’un récit collectif dans lequel la Nature s’estompe.
En France métropolitaine, l’artificialisation des sols augmente inéluctablement au détriment des milieux naturels et des terres agricoles : entre 20 000 et 30 000 hectares sont artificialisés chaque année. Cette artificialisation augmente presque 4 fois plus vite que la population. Paris est d’ailleurs considérée comme une des villes les moins vertes d’Europe avec seulement 5,8 m² d’espace vert par habitant en intra-muros contre 45 m² à Londres. La disparition de la Nature n’est pas que dans les films.
Robert Pyle, naturaliste et écrivain américain, définit cette perte d’expérience naturelle comme la diminution des interactions entre l’homme et la Nature, pouvant conduire à l’apathie et au manque d’implication dans sa conservation. Alors que le sixième rapport du GIEC (février 2022) tire une nouvelle sonnette d’alarme dans l’indifférence des médias, nous percevons mieux l’enjeu de recréer ce lien afin de mobiliser les générations à venir.
Mais si cette connexion à la Nature est importante pour les années futures, elle l’est tout autant pour le moment présent. En effet, malgré les incroyables capacités d’adaptation de notre organisme, l’absence de Nature dans nos vies a des conséquences sur notre santé : notre corps et notre esprit ressentent un manque et il suffit de faire une balade en forêt pour constater un bien-être immédiat.
Alors que les études s’accumulent depuis les années 1970 pour expliquer les interactions entre le milieu naturel et notre organisme, la connexion à la Nature reste marginale dans les approches thérapeutiques. Comment quelque chose d’aussi basique pourrait faire mieux que la science et la chimie pour traiter certaines pathologies ? Pourtant les chiffres sont là, disponibles pour tous ceux qui prendront le temps de considérer sérieusement cette voie de santé.
Il est encore de temps d’éviter l’amnésie environnementale générationnelle décrite par le psychologue Peter Kahn en 2002. Ce terme désigne le fait que chaque génération se crée sa propre référence de l’état de la Nature en fonction de ce qu’elle observe dans son environnement.
Qu’attendons-nous pour remettre nos enfants en contact avec les éléments naturels ? Ils en seront ainsi les premiers défenseurs mais aussi les premiers bénéficiaires. En effet, selon une récente étude de l’Institut pour la santé globale de Barcelone (avril 2022), plus les enfants sont exposés à la végétation, plus leur stress oxydatif est bas, et ce quelle que soit leur activité physique. Exposition à une diversité de micro-organismes, synthèse de vitamine D avec le soleil, boost immunitaire, pourquoi priver nos têtes blondes de tels bienfaits alors que leur environnement est par ailleurs bien plus dégradé que celui que nous avons connu dans notre enfance ?
Mettons alors nos enfants sur le chemin de la Nature et tenons leur la main. Il se pourrait bien que la balade soit bénéfique pour eux, pour nous mais aussi pour la planète.
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