La patient une chasse gardée
Le Ministère de la santé et de la solidarité est très clair dans son code de la santé publique : les professionnels de santé « non conventionnelle » ne peuvent en aucun cas présenter leur activité ou leur technique comme thérapeutique. Et de ce fait, le registre lexical propre à cette dimension thérapeutique est réservé aux professionnels de santé dont le diplôme est validé par le Ministère. Pour les naturopathes, on oublie donc « thérapie », « soigner », « guérir » ou même « patient ». La profession joue alors au jeu des synonymes afin de rester compréhensible tout en respectant le code réglementaire.
A l’origine des mots
L’étymologie est souvent éclairante pour comprendre l’évolution des usages. Le mot « patient » est tiré du latin patiens « qui supporte, endurant ». On trouve aussi cette définition au XIIe s. : « qui supporte patiemment les défauts d’autrui ». Tout cela renvoie à une posture passive du « malade » face aux professionnels de santé. Son rôle peut se résumer à souffrir et à serrer les dents. Le système de santé actuel garde des vestiges de cette posture historique dans sa tendance à la déresponsabilisation du patient. Prendre en main sa santé, ou même en être simplement acteur, est loin d’être une évidence pour une majorité de français. Malheureusement, ces derniers ont bien souvent entièrement délégué leur santé à leur médecin généraliste et à l’industrie du médicament, par habitude ou par facilité.
Vive la consultation !
La Naturopathie doit-elle regretter ce mot « patient » qui va à l’encontre même de sa démarche de responsabilisation de l’individu ? La réponse est non, bien entendu. Ces contraintes sémantiques sont en fait une opportunité formidable de réinventer un champ lexical plus représentatif d’une nouvelle vision de la santé. Dans ce cadre, le mot « consultant », emprunté au latin consultare « délibérer, consulter, interroger », semble beaucoup plus juste. Il présente en effet l’individu comme le capitaine de sa santé, qui va s’enquérir de manière proactive auprès de sachants.
De patient à consultant
D’abord échaudé par les interdictions lexicales, j’ai revu mon jugement avec un peu de recul et surtout ce travail d’analyse étymologique. Il me semble désormais impossible d’envisager le métier de naturopathe sans être parfaitement en phase avec le sens des mots employés. Autant vous dire que je laisse désormais bien volontiers le mot « patient » aux professionnels « conventionnels ». à toi patient, observateur de ta santé, que dirais-tu d’en devenir progressivement un acteur éclairé ? En d’autres termes, devenir un consultant !