Intelligence artificielle et santé

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IA, le point de bascule

L’intelligence artificielle « IA » ne date pas d’hier, mais jusqu’à présent, elle n’était accessible qu’à ceux qui disposaient de compétences techniques.

Ces dernières années, les IA de génération d’images comme DALL-E ou Midjourney, ont gagné en accessibilité. Mais elles gardaient des reliquats de technicité avec l’usage des “prompts”, ces commandes dans lesquelles sont glissés des mots clefs utilisés pour générer l’image.

Ces derniers mois, l’agent conversationnel ChatGPT a marqué un profond changement dans les usages en proposant un service d’intelligence artificielle basé sur le langage courant.

Dans toutes les révolutions technologiques, les points de bascule sont marqués par l’adoption de la technologie par le plus grand nombre. La maturité de l’IA sur sa capacité de dialogue a levé le frein de l’usage de masse. Cette technologie est désormais accessible et chacun peut en faire l’expérience gratuitement.

 

Intelligence artificielle et éducation

Alors pourquoi vous parler d’AI ? Car cette révolution va bien évidemment changer bien des choses dans le domaine de la santé.

En premier lieu, l’éducation va devoir repenser en profondeur son modèle et notamment ses méthodes d’évaluation. L’approche qui vise à gaver les étudiants de connaissances et évaluer leur réussite sur la capacité à mémoriser et à recracher du par cœur sera complètement obsolète.

Dès aujourd’hui, les enseignants peinent à évaluer des mémoires dans lesquels une partie du texte a été généré par une IA. Certaines promotions ont été rattrapées par la patrouille avec des mémoires qui présentaient de bien curieuses similitudes… Mais l’IA va progresser de manière exponentielle est ces limites seront bientôt gommées.

Aujourd’hui, les études dans le domaine de la santé se basent sur ce modèle et la sélection des élèves se fait sur leur résistance au bachotage, notamment en médecine.

 

Rechercher la valeur ajoutée

Je partageais il y a quelques jours un article qui expliquait qu’une IA avait passé avec succès une licence de médecine aux USA. Cette anecdote pourrait prêter à sourire mais elle révèle au contraire l’obsolescence imminente d’un cursus basé en grande partie sur des capacités de mémorisation.

Le milieu universitaire va devoir repenser sa vision de l’enseignement car très bientôt l’accès à la connaissance brute sera fournie par des services d’IA.
Alors que restera-t-il aux étudiants en médecine ?

Les programmes devront reconsidérer des disciplines où l’IA ne pourra jamais remplacer l’humain : le savoir-être, l’écoute, l’observation clinique, les réflexions autour de l’éthique du soin…
Autant de qualités qui ont été largement délaissées ces dernières années par un modèle de santé réductionniste et technique.

 

Le paradoxe de la technologie qui humanise

Ce serait paradoxal que la technologie ramène vers plus d’humain.

Cette perspective peut devenir une réalité plus vite qu’on ne le pense, et d’une certaine manière, c’est peut-être notre seul espoir de voir un nouveau paradigme émerger.
Le modèle de santé n’a jamais été repensé malgré la souffrance systémique des soignants et la maltraitance des patients.

Les pouvoirs politiques n’ont jamais remis en question leurs mauvaises décisions passées qui ont contribué à la dégradation progressive de l’accès aux soins.

Si la rue n’a pas réussi à faire bouger les choses, la révolution technologique de l’IA devrait bousculer très fort le modèle en place. Et cela d’autant plus que nos élites dirigeantes ont une croyance inébranlable en l’innovation.

 

Le retour de l’hospitalité

Si l’IA assume les actions à faible valeur ajoutée (administratif, gestion des flux, pré-diagnostics, etc.), le personnel soignant pourra allouer plus de temps à l’hospitalité.

« Hospitalité », ce mot semble tellement désuet de nos jours. Il a pourtant la même racine que le mot « hôpital » et fait référence à une valeur essentielle dans le soin dont le Dr Bruno Dallaporta fait l’éloge dans son livre « Prendre soin du prochain, prendre soin du lointain ». Accueillir, montrer de l’intérêt, écouter, être attentionné, nous retrouvons toutes ces facettes du soin dans la notion d’hospitalité.

L’intelligence artificielle sera toujours plus performante qu’un médecin pour apprendre par cœur les cascades enzymatiques ou analyser statistiquement les facteurs de risque d’une personne en fonction de ses dosages biologiques.

Cette délégation de la technicité du métier à une IA devrait permettre une meilleure prise en charge du patient dans sa globalité par les soignants.

Un retour souhaitable à l’hospitalité dans le soin.

 

Perspectives optimistes

Il est toujours possible de jouer les oiseaux de mauvais augure et de voir dans cette innovation technologie une perte d’autonomie et une dépendance à des services contrôlés par de grosses entreprises. C’est le verre à moitié vide.

Je préfère y voir la perspective d’un rapprochement entre le système de santé et les pratiques holistiques. En effet, si le personnel soignant se détache de la technicité grâce à l’apport de l’IA, il devrait réinvestir la sphère du soin dans laquelle nous évoluons.

Ce rapprochement ne peut être que bénéfique pour parler le même langage, créer un dialogue et ainsi mieux travailler ensemble.

Et vous ? Quels sont vos espoirs ou vos craintes autour de l’IA ?
Et toi ChatGPT, que penses-tu de tout ça ?

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