Le cordyceps, ce champignon himalayen utilisé en médecine traditionnelle, s’impose aujourd’hui comme un véritable allié de la performance physique. Loin d’être un simple stimulant, il agit comme un régulateur profond, optimisant la production d’énergie cellulaire et améliorant la résilience du corps face à l’effort. La science moderne valide désormais ses bienfaits ancestraux, révélant des mécanismes qui intéressent particulièrement les sportifs cherchant à repousser leurs limites de manière naturelle et durable.
Le cordyceps, un moteur pour la performance cellulaire
Le secret de l’efficacité du cordyceps réside dans sa capacité à intervenir au cœur de nos processus énergétiques. Son action est profonde. Il ne se contente pas de masquer la fatigue ; il restructure la manière dont le corps produit et utilise son énergie pour soutenir un effort prolongé. C’est une optimisation métabolique à plusieurs niveaux, une approche fine et intelligente de la performance.
Optimisation de la production d’énergie
La performance sportive repose sur une molécule clé : l’Adénosine Triphosphate (ATP), notre carburant énergétique fondamental. Le cordyceps excelle dans la stimulation de sa production. Comment ? En activant une voie métabolique majeure, l’AMPK, qui agit comme un véritable interrupteur général de notre balance énergétique. Lorsque l’AMPK est activée, elle signale au corps de puiser dans ses réserves et d’accélérer la fabrication d’ATP.
Parallèlement, ce champignon facilite l’acheminement du glucose, notre sucre énergétique, vers les cellules musculaires. Il y parvient en augmentant la disponibilité des transporteurs GLUT4, des sortes de portes d’entrée qui permettent au glucose de pénétrer dans le muscle. Une fois à l’intérieur, son utilisation est optimisée au sein du cycle de Krebs, la centrale énergétique de nos cellules. De plus, les chercheurs rapportent que le Cordyceps sinensis favorise la libération de monoxyde d’azote. Cette molécule provoque une vasodilatation, c’est-à-dire un élargissement des vaisseaux sanguins. C’est comme transformer une route départementale en autoroute, permettant un afflux massif de sang, et donc d’oxygène et de nutriments, vers les muscles en plein travail. Un avantage décisif.
Une meilleure gestion de la fatigue et de la récupération
Au-delà de la production d’énergie, le cordyceps déploie une stratégie remarquable pour retarder l’apparition de la fatigue et accélérer la récupération. Lors d’un effort intense, l’accumulation d’acide lactique est souvent associée à la sensation de brûlure musculaire et à une baisse de régime. Contrairement à une idée reçue, l’acide lactique n’est pas qu’un déchet. Le cordyceps aide à modérer sa production tout en stimulant l’activité d’une enzyme, la lactate déshydrogénase, qui contribue à recycler cet acide lactique pour le réintégrer dans le cycle énergétique. Le corps devient ainsi plus efficient dans la gestion de ses propres sous-produits métaboliques.
Mais son action ne s’arrête pas là. Dans le domaine sportif, on sait que la récupération est aussi importante que l’effort lui-même. Le cordyceps agit ici comme un bouclier protecteur. Il stimule nos propres défenses antioxydantes, notamment des enzymes comme la superoxyde dismutase (SOD) et la glutathion peroxydase (GSH-Px). Ces dernières neutralisent les radicaux libres, des molécules instables générées en grand nombre durant l’exercice, qui endommagent les cellules musculaires et provoquent de l’inflammation. En limitant ces dégâts, le cordyceps favorise une récupération plus rapide et moins douloureuse.
Que disent les études sur son efficacité réelle ?
Les savoirs traditionnels sont une chose, la validation scientifique en est une autre. Heureusement, le cordyceps bénéficie aujourd’hui d’un corpus d’études solides qui confirment son potentiel pour les athlètes. Ces recherches ne se contentent pas d’observer des effets ; elles en décortiquent les mécanismes avec une précision croissante.
Des résultats probants en conditions extrêmes
Une étude particulièrement révélatrice s’est intéressée à des athlètes d’endurance s’entraînant en altitude, un environnement où l’oxygène se fait plus rare. Une supplémentation associant le Cordyceps sinensis à la Rhodiola crenulata, une autre plante adaptogène réputée, a démontré une amélioration significative du temps jusqu’à l’épuisement. Plus intéressant encore, les chercheurs ont observé une meilleure capacité des athlètes à maintenir l’activité de leur système nerveux parasympathique, la branche de notre système nerveux responsable du repos et de la récupération.
Ce détail est crucial. Il indique que le corps ne se contente pas de subir le stress de l’altitude et de l’effort ; il améliore activement sa capacité à s’adapter et à revenir à l’équilibre. Fait notable, ces bénéfices ont été obtenus sans les modifications sanguines (comme l’augmentation des globules rouges) habituellement attendues lors d’une acclimatation à l’altitude. Cela suggère un mécanisme d’optimisation plus direct et efficace. Ces observations chez l’humain sont d’ailleurs cohérentes avec de nombreuses études précliniques, où l’administration de Cordyceps militaris a permis d’augmenter de manière spectaculaire le temps de nage d’animaux de laboratoire, une performance directement liée à des niveaux d’ATP plus élevés dans les muscles.
Amélioration des marqueurs clés de l’endurance
Lorsque l’on se penche sur les paramètres physiologiques de la performance, les données sont tout aussi convaincantes. Plusieurs essais cliniques rigoureux rapportent une amélioration du VO2max, un marqueur de référence qui mesure le volume maximal d’oxygène qu’un individu peut consommer durant un effort intense. Un VO2max plus élevé est le signe d’une meilleure capacité aérobie.
Simultanément, les athlètes supplémentés en cordyceps voient leur seuil de fatigue repoussé et leur concentration de lactate sanguin diminuer à effort équivalent. L’un des terrains d’application les plus prometteurs est l’entraînement en hypoxie (avec un apport réduit en oxygène). Des études, par exemple sur des joueuses de football de haut niveau, ont montré que le cordyceps favorise une meilleure extraction de l’oxygène par les muscles. Le corps devient plus « économe » et plus performant avec la même quantité d’oxygène disponible. Un atout considérable pour les sports à efforts intermittents, comme le football, le basketball ou le CrossFit, qui alternent sprints intenses et phases de récupération active.
Comment intégrer le cordyceps dans sa routine sportive ?
L’intégration du cordyceps dans un programme nutritionnel est devenue remarquablement simple. La diversité des formes disponibles permet à chaque sportif de trouver la méthode qui lui convient le mieux, en fonction de ses objectifs, de ses préférences et de son niveau de pratique.
Posologie et formes : choisir la bonne approche
La méthode la plus étudiée et la plus fiable reste la supplémentation via des gélules contenant des extraits standardisés de Cordyceps sinensis ou militaris. Pour un effet de fond, les études cliniques utilisent généralement une posologie de 1 à 2 grammes par jour, répartis en une ou deux prises. Une cure de 4 à 28 jours est souvent nécessaire pour observer des améliorations mesurables de l’endurance et de la récupération. C’est une approche progressive, idéale pour bénéficier des effets adaptogènes sur le long terme.
Pour des besoins plus ponctuels, comme la préparation d’une compétition importante, certains protocoles ont exploré des doses plus élevées. Des prises allant jusqu’à 12 grammes par jour sur une courte période (environ une semaine) ont montré des résultats rapides, notamment chez des personnes moins entraînées. Attention toutefois, le choix de la posologie doit être personnalisé et idéalement discuté avec un professionnel de santé. Outre les gélules, le cordyceps est aussi disponible en poudre. Très pratique, elle s’incorpore aisément dans un smoothie matinal, un yaourt ou une boisson de l’effort.
L’art des synergies pour des effets décuplés
Rarement un ingrédient naturel ne déploie son plein potentiel seul. Le cordyceps ne fait pas exception. L’associer à d’autres plantes ou nutriments permet de créer une réponse adaptogène plus complète. L’association la plus documentée est sans doute celle avec la Rhodiola crenulata, particulièrement efficace pour les athlètes d’endurance s’entraînant en altitude ou subissant un stress important.
Il ne s’agit pas simplement d’additionner des ingrédients. Il s’agit de créer une synergie où chaque composant renforce l’action de l’autre. Pour aller plus loin, on peut aussi l’associer à des nutriments impliqués dans le métabolisme énergétique, comme la coenzyme Q10 ou le magnésium. Enfin, n’oublions pas les approches traditionnelles, comme les bouillons et soupes toniques ou les infusions, qui bien que moins standardisées, représentent une manière holistique et douce de profiter des vertus de ce champignon.
Le cordyceps s’affirme comme un allié de premier choix pour l’amélioration naturelle de l’endurance. Son action n’est pas celle d’un simple coup de fouet mais d’une reprogrammation métabolique en profondeur. En optimisant la production d’ATP, en améliorant l’oxygénation musculaire et en accélérant la récupération, il offre une solution complète, validée par la science. Son intégration est facilitée par des formes modernes comme les gélules ou les poudres, permettant une posologie adaptée à chaque objectif. Il représente une approche intelligente et respectueuse de la physiologie, une véritable illustration de la puissance de la mycothérapie au service de la performance sportive.
Références
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